Pas à pas
S’il est un voyage qui suscite un bel engouement chez les randonneurs
d’aujourd’hui, c’est le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle qui les
conduit à leur propre rythme en Galice par les chemins qu’empruntaient déjà, il y
a mille deux cents ans, les tout premiers fidèles. Bon an, mal an, à son apogée,
situé entre les onzième et treizième siècles, ce pèlerinage drainait quelque cinq
cent mille croyants. Ils accouraient de l’Europe tout entière pour se recueillir sur
le supposé sépulcre de l’apôtre et martyr saint Jacques, dont le corps, selon les
hagiographes, aurait été retrouvé, ô miracle ! près du cap Finisterre.
Munis de leur bourdon à la fois point d’appui et arme pour se prémunir des
animaux peu amènes et des guets-apens des tire-laine(s), emmitouflés dans une
pèlerine et coiffés d’un couvre-chef à large bord décoré d’une coquille, les fidèles
et pénitents du Moyen Age (Moyen-Age) trimbalaient (trimballaient) une
calebasse pour boire et gardaient leur minuscule besace entrouverte tant pour
donner que pour recevoir. Parfois ils souffraient le martyre en marchant nu-pieds
ou à genoux. Quel contraste avec les pèlerins du vingt et unième siècle qui
cheminent, appareil photo en bandoulière, équipés de bonnes chaussures, de
deux bâtons télescopiques et d’un havresac contenant au moins un guide, des
vêtements de rechange, un poncho imperméable ou un K-way en goretex (Gore-
Tex).
Ils marchent par monts et par vaux, suivant les sentiers agrestes souvent, les
routes asphaltées parfois. Qu’il pleuve à verse ou que le vent souffle en rafales,
que les rais du soleil tapent dur ou que de petits maux pas doux freinent leur
élan, les pèlerins modernes, stoïques, avancent motivés par leur foi, par le goût
du défi ou par une ascèse qu’ils s’imposent. Ils sont venus se tester et mettent
en pratique l’apophtegme énoncé par Socrate : « Connais-toi toi-même ». Vaste
programme !
Ecouter à nouveau l'enregistrement de la dictée ici |