La voile
Hier, j’ai été initiée à la voile. Moi qui croyais qu’en frêle jeune fille que je suis, je
ne pourrais jamais tirer sur tous ces cordages, j’ai vite été rassurée. Le plus difficile
n’était pas lié à la force physique, comme nous serions portés à le croire ; le pire,
dis-je, fut d’apprendre le vocabulaire inhérent à ce sport. Les seuls mots que j’ai
retenus sont bâbord, tribord, mât, quille et gouvernail.
Notre départ eut lieu par un bel après-midi ensoleillé. Un vent léger nous
poussait tout doucement sur l’eau agitée par d’imperceptibles frémissements. Tout
d’un coup, le vent se leva. Nous nous sommes précipités à notre poste respectif.
Moi, ma tâche consistait à veiller à ce qu’aucun noeud ne se forme dans les cordages.
Nous filions à toute allure sur l’eau déchaînée. On apercevait, au loin, des
dériveurs chassés par la brise intense. au début, j’ai été habitée par une peur sourde.
Puis, petit à petit, un sentiment de griserie s’est installé en moi. L’impression de
glisser sur l’eau, le silence qui nous entoure, la liberté qu’on ressent, tout cela
contribue à nous rendre euphoriques.
Il nous a bien fallu revenir sur terre (au propre comme au figuré). mais je me
suis juré de retrouver cet état de grâce dès que je le pourrai.
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