Marcel Pagnol, La Gloire de mon père LA BASTIDE
Alors commencèrent les plus beaux jours de ma vie. La maison s’appelait La Bastide Neuve, mais elle était neuve depuis bien longtemps. C’était une ancienne ferme en ruine, restaurée trente ans plus tôt par un monsieur de la ville, qui vendait des toiles de tente, des serpillières et des balais. Mon père et mon oncle lui payaient un loyer de 80 francs par an (c’est-à-dire quatre louis d’or), que leurs femmes trouvaient un peu exagéré. Mais la maison avait l’air d’une villa – et il y avait « l’eau à la pile » : c’est-à-dire que l’audacieux marchand de balais avait fait construire une grande citerne, accolée au dos du bâtiment, aussi large et presque aussi haute que lui : il suffisait d’ouvrir un robinet de cuivre, placé au-dessus de l’évier, pour voir couler une eau limpide et fraîche...
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