Un Réformateur haut en couleur
Si Genève peut s’enorgueillir d’avoir été pendant longtemps l’une des villes les
plus influentes d’Europe, elle le doit à Calvin dont on fête cette année le cinq
centième anniversaire par moult célébrations variées.
C’est en mille (mil) cinq cent trente-six que le Picard Jean Calvin, fuyant les
persécutions religieuses, fait étape à Genève. Mais le pasteur Guillaume Farel
retient ce jeune homme, théologien et juriste hors pair, auteur de « L’institution de
la religion chrétienne ». Il s’installe donc dans notre ville et y restera jusqu’à sa
mort, vingt-huit ans plus tard, abstraction faite d’un exil de quatre ans, dû à ses
divergences avec le gotha genevois qui l’a déclaré persona non grata.
Rappelé à Genève, Calvin prend en main les rênes de l’Eglise qu’il restructure. Cet
ascète impose à ses concitoyens sa doctrine rigide, contrôlant leurs moeurs même
et réprimant leurs écarts. Mais il réorganise l’Hospice général prodiguant des soins
aux malades et aux indigents, crée le Collège et l’Académie dispensant tous deux
un savoir gratuit de qualité. Travailleur infatigable, il compose et déclame en
chaire un sermon quasi quotidien et écrit des milliers de lettres, dont une fut
récemment acquise aux enchères chez Christie’s et offerte au Musée de la
Réforme par des donateurs généreux, comme on l’a lu dans la Tribune de Genève.
Cet humaniste hors du commun a aussi été un défenseur acharné du français en
tant que langue académique devant supplanter le latin.
Du grand homme lui-même, il reste, en plus d’une réputation de Réformateur
intransigeant, voire tyrannique, un nom de rue, une statue sur le Mur des
Réformateurs et une tombe des plus discrètes au cimetière de Plainpalais qui, au
dire d’aucuns, n’est probablement qu’un cénotaphe.
Ecouter à nouveau l'enregistrement de la dictée ici |