LE
GUÊPIER
DE
MÉRIMÉE
À
la
cour
de
Napoléon
III,
Prosper
Mérimée
fut
une
sorte
de
phare
de
savoir
et
d’intelligence.
Par
une
après‐midi
pluvieuse
de
1857,
pour
distraire
les
beaux
esprits
assemblés
au
château,
l’auteur
de
Carmen
eut
l’idée
saugrenue
de
leur
soumettre
une
dictée…
Quelques
lignes
seulement,
mais
qui
offraient
une
terrifiante
concentration
d’écueils
parmi
les
plus
imparables
de
l’orthographe
française
!
Cris,
effrois,
la
plupart
des
courtisans
se
désistèrent
:
ils
refusaient
de
se
ridiculiser
publiquement
pour
des
participes
passés
trop
complexes.
(fin
cadets)
Pourtant,
un
petit
groupe
suivit
l’empereur
et
l’impératrice,
décidés
à
tenter
l’épreuve
pour
ne
pas
paraître
lâches
aux
yeux
de
leurs
sujets.
Réunis
autour
d’une
grande
table,
dont
l’usage
fut
pour
l’occasion
détourné
de
son
service
de
la
chère,
les
courageux
participants
aiguisèrent
leur
plume.
Aucun
d’entre
eux
ne
bayait
aux
corneilles
:
il
s’agissait
plutôt
de
se
remémorer,
en
un
tournemain,
règles
d’accord
et
conjugaisons
étudiées
quelques
décennies
plus
tôt.
Mérimée
commença
à
dicter
lentement
un
texte
où
il
était
entre
autres
question
d’arrhes
réglées.
À
ces
mots-là,
non
qu’elle
voulût
provoquer
d’esclandre
public,
mais
l’impératrice
renâcla
:
—
Monsieur,
vous
vous
moquez
de
nous
!
(fin
juniors)
Bientôt,
les
derniers
mots
de
la
dictée
tombèrent.
Quelle
qu’eût
été
la
difficulté
du
texte,
Mérimée
accorda
à
peine
un
tour
de
clepsydre
aux
concurrents
pour
se
relire.
Puis
il
ajusta
ses
bésicles
dorées
et
se
mit
à
corriger
sur-le-champ…
—
Que
de
fautes
!
Que
de
fautes
!
ne
cessait-il
de
répéter,
comme
s’il
eût
été
atteint
de
psittacisme.
Pour
autant,
la
sentinelle
du
bien-dire
se
vit
plusieurs
fois
obligée
de
se
reporter
au
texte
pour
s’assurer
d’une
graphie
correcte.
Enfin,
Mérimée
proclama
les
résultats
:
—
Le
lauréat
est
le
prince
Richard
de
Metternich
avec
juste
trois
fautes
!
Ainsi
donc,
le
plus
féru
en
orthographe
et
sémantique
françaises
était
ce
diplomate
viennois,
ambassadeur
à
Paris
de
l’empire
d’Autriche.
L’Empereur,
dit-on,
avait
aligné
quelque
quarante-cinq
fautes
et
l’impératrice
quelque
soixante-deux…
Quant
à
Alexandre
Dumas
fils
—
qui
avait
quand
même
malmené
l’orthographe
à
vingt-quatre
reprises
—,
il
se
montra
beau
joueur
et
alla
serrer
la
main
du
gagnant…
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