AUX ÉCOLIERS D’ALSACE
Camarades, nous savons que vous souffrez d’une grande peine parce que vous êtes séparés de nous;
être séparés de vous, c’est pour nous une grande peine. Si l’on vous dit que nous ne pensons pas à
vous, ne le croyez pas. Nos pères ont vécu longtemps ensemble, citoyens d’une même patrie.
Ensemble, ils ont appris, dans l’avant-dernier siècle, à croire en la dignité de l’être humain et à aimer la justice et la liberté. C’est chez vous, à Strasbourg, que fut chantée pour la première fois la chanson des peuples libres ou qui veulent se libérer, la Marseillaise. Et la Révolution, achevant l’oeuvre de nos
rois, a fait des Alsaciens de vrais Français, patriotes entre tous, parce qu’ils étaient aux bords du Rhin,
l’avant-garde de la France. Si l’on vous dit que nous oublions de pareils souvenirs, ne le croyez pas.
(Ardennes, 1912) ERNEST LAVISSE.
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