Nos rues
Qu’elles soient simples venelles, culs-de-sac, avenues ombragées ou vastes
boulevards, les quelque sept cents rues quadrillant notre ville racontent à leur
manière son histoire, et c’est un plaisir, samedi après samedi, de retrouver l’une ou
l’autre dans la Tribune de Genève.
Les tout premiers noms de nos rues sont apparus dans la Genève moyenâgeuse,
où, pour se repérer, on recourait à un détail géographique, Rive par exemple, ou
au nom d’une corporation, d’un bâtiment proche, voire d’une auberge. Au dixneuvième
siècle, quand les bastions et les fortifications érigés au Moyen Age
(Moyen-Age) et sous la Réforme se sont vu démolir, la ville jusque-là contenue
dans un espace somme toute exigu, s’est mise à croître tous azimuts.
Lieux-dits, faits historiques, entre autres, servirent à baptiser les nouveaux
espaces et parallèlement, les patronymes firent leur entrée dans la toponymie
genevoise. Ainsi Liotard, Toepffer (Töpffer), Louis Favre, Jaques-Dalcroze et
moult célébrités de chez nous ont été honorés, comme d’illustres étrangers dont
Chateaubriand ou Liszt qui enseigna quelque temps au Conservatoire. Rousseau
lui, pour le bicentenaire de sa naissance, a eu droit à un quartier entier. Un
hommage posthume, peut-être, pour racheter l’autodafé de ses oeuvres sur la
place publique…
Si par le passé, les célébrités jouissaient d’un emplacement respectable, de nos
jours, Borges et Albert Cohen n’ont reçu qu’une ruelle. Quant aux femmes, mis à
part sainte Clotilde, la Mère Royaume, Madame de Staël et une poignée d’autres,
elles n’ont pas droit à une plaque émaillée bleu outremer. Il serait temps de
réparer cette injustice et, pourquoi pas, de faire une fleur aux « élues » à venir en
rebaptisant les rues des Genêts, de l’Aubépine ou des Asters.
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